Le jour d’après : LE GOUVERNEMENT DE COMBAT EST AUSSI INQUIÉTANT QUE LE MORTAL KOMBAT

Les anciennes cartes postales du Sénégal étaient belles. On y voyait des artères, des ambiances et des paysages limpides réglés comme du papier à musique. Rien ne dépassait. Le contraste aujourd’hui est saisissant. Le spectacle auquel on a droit est honteux. Le cadre de vie est une décharge publique. La Poste est transformée elle aussi en compost. C’était écrit. Les mutations médiatiques et technologique ont cannibalisé l’un des tout premiers services publics et sans conteste le premier réseau social. Les philatélistes ont fait le deuil. L’héritage de Jean Mermoz et de l’Aéropostale va finir dans les décombres. Le quartier résidentiel du Président de la République porte le nom de l’aviateur et archange du courrier. Le premier Sénégalais directeur de la Poste du Sénégal et de la Mauritanie était aussi le premier bachelier noir Sénégalais. L’élégance racée d’Abdoulaye Seck Marie Parsine faisait de lui une page vivante de l’histoire du pays. Rien à voir avec les successeurs les plus récents. Qui ont innové dans la concussion plus qu’ils ne l’ont fait avec les business-plan.

La mort clinique de l’outil postal ferme une page glorieuse du service public de l’Etat. C’est le destin funeste des Chemins de Fer. C’était la mise à mort de l’Oncad (Office national de coopération et d’assistance pour le développement) et de toutes les banques nationales et comptes séquestres pompés sans vergogne par les oligarchies. Une page de l’histoire mal refermée ne se ferme jamais complètement. Acrobates et funambules marchent sur le fil. Un peu partout, les gouvernements filent du mauvais coton. La gestion de crises est leur horizon. Peut-être leur punition. Le chef de l’Etat a fraîchement mis en place une équipe de combat. On aurait aimé entendre parler de très haute intensité de travail. C’est moins belliciste. La parole, les artifices de communication ne vont pas remplacer l’action. La déambulation sur le prolongement de la Vdn est une démarche de proximité et un plan de communication. C’est son talon d’Achille. Le Président n’a jamais eu de bons metteurs en scène. Il n’a pas aujourd’hui non plus un Mozart de la communication pour envoyer les meilleures cartes postales.

Au commencement était le verbe. Celui qui a la communication a la communion. Que fait-on de grand dans ce sens dans l’opposition ? Ses discours de feu passent comme lettre à la poste aux yeux de la jeunesse branchée sur les réseaux sociaux. L’opposition ragaillardie a renversé la table à l’Assemblée nationale. Gare au retour de flammes. En gagnant des élections, on devient maires, députés. On a des charges publiques. La gestion va avec les arbitrages et les décisions difficiles. Un opposant au pouvoir n’est plus qu’un alligator. Il travaille comme une fourmi ou un ouvrier. Le gouvernement de combat et le mortal kombat ajoutent à l’agressivité ambiante. Chaque mot est un préjugé. Quel que soit son bord, il faudra s’adjoindre les experts, les savants, les artistes et les innovateurs, les mieux à même de nous éviter l’imposture et la déconfiture qui arrivent à la Poste et qui ravagent la société sénégalaise.

 

 

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