« SuperMacky » en panne ?

La starification internationale a son revers domestique. Drapé dans sa toge de président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall fut, ces derniers mois, sur tous les fronts internationaux, jusqu’à sa mémorable rencontre avec Vladimir Poutine, séparé du maître du Kremlin par une table plus étroite que celle où Emmanuel Macron appuya ses coudes. Cette différence avec le président français ne devrait pas suffire à dissimuler quelques ressemblances…


Pleinement de retour aux affaires nationales, après une année sénégalaise éreintée notamment par la crise du système de santé, Sall doit gérer un casse-tête post-électoral proche de celui de Macron. Et avec les mêmes éléments de langage chers au chantre du trompe-l’œil et du « en même temps ». Certes, au Sénégal, la commission nationale de recensement des votes vient de confirmer – officiellement mais provisoirement – que la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) est la première force politique du Sénégal, avec ses 82 sièges de députés dans la nouvelle législature.

Douche froide
Pourtant, primo, la douche est froide, 43 sièges ayant été perdus, par rapport aux législatives de 2017. Deuxio, comme Macron et son deuxième mandat à majorité relative, BBY n’obtient pas, à la sortie des urnes, la majorité absolue fixée à 83 sièges. Tertio, les coalitions d’opposition Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal remportent 80 sièges, une minorité à ce point proche de la majorité présidentielle que les ténors de l’opposition tentent de dénoncer des fraudes et irrégularités. Les partisans de Macky Sall auront beau jeu de dérouler la rhétorique de « l’échec relatif » et du « succès formel », la faiblesse de l’assise présidentielle à l’Assemblée est une première depuis l’indépendance du Sénégal.

Au-delà de l’inconfort annoncé pour l’immédiate gouvernance exécutive – s’il se confirmait que les trois députés « non-alignés » feront la pluie et le beau temps législatif -, le président de la République doit se poser des questions sur la suite de son parcours personnel…  Élu en 2012 et réélu en 2019, Macky Sall laissait planer le doute sur son intention présumée de briguer un troisième mandat en 2024. La légitimité d’un tel projet impliquait déjà des circonvolutions constitutionnalistes sur l’article 27 du texte fondamental du pays de la Teranga. De plus, l’atmosphère sous-régionale ne s’y prêtait guère. Et voilà maintenant qu’un certain malaise politicien « sorti des urnes » réduit la fenêtre de tir de Macky III…

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