Investitures aux Législatives : Les mises en garde de l’Afp

L’Alliance des forces de progrès compte aller aux Législatives sous la bannière de Benno bokk yaakaar. Mais après une «analyse fine» des résultats des élections locales du 23 janvier 2022, le Secrétariat politique exécutif de ce parti, réuni hier sous la présidence de Moustapha Niasse, prévient que «rien ne sera plus comme avant». Joint à la fin de la réunion, Pr Mawloud Diakhaté, directeur de l’Ecole du parti de l’Afp, décline les nouvelles orientations fixées par les progressistes.

Que peut-on retenir de la réunion du Secrétariat politique exécutif de l’Alliance des forces de progrès tenue ce jeudi 24 février 2022 ?
Nous tenons d’abord à saluer les performances de l’Equipe nationale de football avec cette belle consécration à la Coupe d’Afrique des nations. Ce succès historique restera dans les annales et c’est toute la Nation qui est fière. Nous nous félicitons aussi de l’inauguration du Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio par le Président Macky Sall. Sur la vie du parti, nous nous sommes félicités de la victoire de Benno bokk yaakaar lors des élections locales du 23 janvier 2022. A l’Alliance des forces de progrès, après une analyse fine des résultats des élections locales, nous avons décidé de faire la politique autrement, en posant nos positions dans le débat national, en agissant en tant que parti qui a une identité. Cela veut dire que rien ne sera plus comme avant. Cela dit, nous réaffirmons notre compagnonnage avec Benno bokk yaakaar mais il faudrait que nous affirmions davantage notre propre identité. Ceci est tellement vrai que la majorité des membres du Secrétariat politique exécutif ont demandé qu’il y ait un renouvellement des structures, un rajeunissement du personnel politique. Autrement dit, il faut aller au congrès du parti pour arriver à ces résultats.

Est-ce que le Spe a fixé la date du congrès de l’Afp ?
Des commissions ont été créées pour justement réfléchir dans le temps et dans l’espace sur la faisabilité du congrès en 2022. Pour nous, c’est faisable surtout que nous avons les élections législatives qui se profilent à l’horizon.

Moustapha Niasse a perdu à Nioro et des maires Afp à Dakar ne se sont même pas représentés lors des élections locales. L’Afp est-elle l’une des grandes perdantes des élections locales ?
Absolument pas. D’abord, Moustapha Niasse n’était pas candidat. Pour perdre, il faut d’abord être candidat. Bien entendu, Nioro est son fief. Mais les candidats de Benno bokk yaakaar qui étaient là-bas, n’ont qu’à répondre de leur gestion. Il y avait des candidats inscrits sous la bannière de Bby qui, bien entendu, pour la plupart, étaient sous son aile protectrice. Sinon, Moustapha Niasse n’a rien perdu et s’il était candidat, il aurait raflé la mise. A Nioro, la défaite de Bby n’est pas celle de Moustapha Niasse. Quand un soldat perd la guerre, il ne faut pas l’imputer au général parce qu’il n’était pas au front. Moustapha Niasse n’a ni donné de conseils ni dressé des listes et n’a même pas financé les activités. Il a délégué de grands responsables par le truchement du président de la République et ces gens ont perdu les élections. Maintenant à eux d’en faire l’analyse politique, sociologique, technique… Je reviens sur l’expression disant que l’Afp a perdu. Vous savez, la courbe de Bby est une courbe ascendante. En 2012, Bby a été créée comme étant une coalition politique pour faire partir le Président Abdoulaye Wade. Après l’adoption du plan Sénégal émergent qui a remplacé le programme Yoonu yokkuté, le Président Macky Sall a créé le slogan «gagner ensemble, gouverner ensemble». Bby est passée à une coalition programmatique. De fil en aiguille, d’élection en élection, les partis se sont davantage rapprochés et Bby est devenue une coalition stratégique avec une unification du directoire politique. C’est ce qui a fait que mandat a été donné au Président Macky Sall pour choisir les maires et présidents de Conseil départemental. A ce niveau, on n’a pas encore cette culture de la gagne ensemble. Raison pour laquelle, après les résultats, on sort les colorations politiques. Lorsqu’on aura atteint cette maturité comme c’est le cas en Occident, il n’y aura plus de coloration politique. Effectivement, nous avons perdu des mairies. A la Sicap, c’est le maire lui-même, le camarade Santi Agne, qui a voulu arrêter après deux mandats. Après, il y a eu une multiplicité de candidatures au sein même de Benno bokk yaakaar. Ce qu’on a rencontré partout à Dakar, lorsqu’un candidat de l’Afp se présente, il y a eu d’autres candidats à ses côtés et issus de la mouvance présidentielle. Les partis se sont mutuellement marqués à la culotte et cela a créé ce problème. Il y a eu beaucoup de listes parallèles et nous nous sommes neutralisés nous-mêmes. L’autre explication moins rationnelle est cette mobilisation autour de la criminalisation de l’homosexualité qui a été décisive.

Comment l’Afp compte aller aux élections législatives ?
L’Afp a pris bonne note de tout ce qui s’est passé. Comme un parti majeur, l’Afp a décidé de continuer le compagnonnage avec Benno bokk yaakaar tout en faisant prévaloir ses prérogatives à la lecture des résultats qui ont été obtenus. Les élections législatives seront une autre paire de manches, un autre challenge, un autre combat parce que le défi est que cela a un impact national. Il faut que nous soyons unis tout en préservant les intérêts des uns et des autres.

avec leQuotidien 

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