Trafic d’armes : les mensonges d’Abdou Karim Fofana ( preuves à l’appui)

Le porte parole du gouvernement a tenté laborieusement de nier les accusations portées contre l’Etat du Sénégal par une enquête de l’OCCRP qui regroupe de journalistes internationaux sérieux, talentueux et chevronnés.

Le ministre se réfugie derrière un décret N°2021-563 du 10 mai 2021 [ d’ailleurs que nous n’avons pas vu malgré nos recherches], qui, selon lui, « assimile les Eaux, Forêts, Chasses, Conservation des Sols et Parcs nationaux aux forces de sécurité et de défense ».

Là n’est pas le problème comme l’a révélé l’enquête. Secret défense ou pas: est-ce que le ministre de l’environnement a le droit de signer un contrat d’achat d’arme?
Est-ce que la compagnie concernée a le droit de vendre des armes?
Telles sont les vraies questions. Et nous allons prouver que la réponse est non pour ces deux questions.

Avant d’entrer dans les détails, disons clairement le décret auquel il fait référence ne figure nullement dans les termes du contrat signé le 11 janvier 2022 entre l’Etat du Sénégal et Lavie Commercial Brokers.

Donc la ligne de défense de M. Fofana ne tient pas.

Comme l’a écrit l’OCCRP dans son texte, « le contrat est […]inhabituel à d’autres égards. L’agence qui a acheté les armes n’était pas l’armée, mais le ministère de l’Environnement. Pourtant, le contrat n’a jamais fait l’objet d’un appel d’offres et, une fois l’accord signé, il est resté silencieux, apparemment en raison de la loi sénégalaise sur la sécurité de la défense ».

– Donc, « un contrat inhabituel » veut dire tout simplement qu’il est étonnant que des armes soient achetées par le gouvernement par un ministère à caractère civil et non militaire ou policier. C’est une première au Sénégal.
Et pour cacher leur deal, il évoque la loi du secret défense, comme l’a rappelé Abdou Karim Fofana.
Donc voilà la première forfaiture commise par le ministre de l’environnement [ Abdou Karim Sall] et son ancien collègue des finances [ Abdoulaye Daouda Diallo].

– Parlons maintenant du gros problème, c’est à dire le fournisseur d’armes.
Le fournisseur d’armes, Lavie Commercial Brokers est créé en novembre 2021 au Sénégal par le célèbre homme d’affaires nigérien Aboubakar Hima, connus sous le surnom de « Petit Boubé ».

Cette compagnie est peu connue dans le marché des armes, selon l’enquête de l’OCCRP. Et pire, son propriétaire Hima est soupçonné d’avoir détourné des milliards de Franc Cfa dans des transactions d’armes surfacturées au Nigeria et dans son pays d’origine, le Niger.

Un expert qui a discuté avec les journalistes de l’OCCRP a déclaré que les prix des matériels pourraient également avoir été surfacturés en ce concerne le contrat signé avec le Sénégal.

Autre fait relaté par l’enquête, Hima a peut-être cherché à dissimuler son implication dans le contrat d’armement sénégalais. Bien qu’il soit la seule personne nommée sur les documents d’enregistrement de Lavie Commercial Brokers, le contrat a été signé au nom de sa société par David Benzaquen, basé en Israël, directeur général de la société.

Benzaquen a fondé une société israélienne appelée Lavie Strategies, qui est autorisée à exporter des armes par le ministère israélien de la Défense. Il est un ancien employé du marchand d’armes israélien Gabi Peretz, un ami proche du président sénégalais Macky Sall.

Peretz est connu pour fournir du matériel militaire aux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Et au moment où la société Hima a obtenu le contrat sénégalais, Peretz a offert une ligne de crédit de 300 millions d’euros [200 milliards Fcfa] sur trois ans pour les achats de l’armée sénégalaise, selon le média Africa Intelligence .

Alors résumons tout ça:
– L’Etat du Sénégal a fait affaire avec un délinquant financier connu, roi de la surfacturation et livreur à moitié de la commande, selon l’enquête.

Aminata Dione

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