La magistrature ne peut être la cible permanente de justiciables à qui des faits sont reprochés».
Ousmane Chimère Diouf se veut clair. Le président de l’Ums, qui s’exprimait, avant-hier samedi, lors de l’Assemblée générale ordinaire de l’Union des magistrats Sénégalais (Ums), à Saly-Portudal, a réitéré qu’il appartient au juge de dire «le droit et il n’est permis à aucun justiciable de guider l’action judiciaire en imposant au juge une quelconque décision, nul ne peut être juge et partie et aucun magistrat n’est à l’origine des faits reprochés aux citoyens qu’il doit juger». Rappelant que dans une République, «le citoyen doit s’abstenir de tout acte contraire aux intérêts de la communauté, respecter les institutions, la liberté des autres et les lois», M. Diouf note qu’il revient à l’État de «veiller à l’exécution des lois, au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à l’obligation de protéger ses administrés et de poser des limites pour que la liberté des uns n’entrave pas celle des autres. La justice doit faire respecter les règles de la vie en société et sanctionner les actes et comportements interdits par la loi. Et pour mener à bien sa mission, elle doit être juste, équitable».
S’agissant de la perception des justiciables de la justice, il relève l’influence des médias. «La perception que les citoyens ont de la justice a beaucoup évolué ces dernières années ; ce qui est tout à fait normal puisque le besoin de justice varie d’un individu à l’autre. Il arrive cependant que les médias utilisent le sensationnalisme ou les procédures intéressant certaines personnalités pour capter l’attention du public qui se base souvent sur une certaine présentation des faits ayant peu de lien avec la réalité et basée sur de simples analyses qui n’engagent que leurs auteurs pour étendre cette perception, à partir de cas isolés à tout le système judiciaire, liant à tort l’indépendance de la justice au verdict de ces procès, d’où la nécessité d’une ouverture devant permettre un dialogue entre acteurs judiciaires, médias et autres institutions de la République». En outre, le président de l’Ums a justifié le choix du bureau exécutif de l’union de se garder de se prononcer sur le débat politico-judiciaire.
Toutefois, déclare-t-il à l’endroit des membres de l’Ums, «Nous ne devons cependant pas perdre de vue que du contenu que nous donnerons à notre travail, dépendra la perception subjective ou objective que la population en aura. La justice doit en effet, pour son image, éviter de jouer un rôle actif dans un permanent jeu politique fait d’instabilité, de polémiques, et se limiter à réguler la société puisque dans l’exercice de leurs fonctions, les magistrats ne doivent être soumis qu’à l’autorité de la loi».