Questekki 313 du mardi 26 juillet 2022 : A quoi doivent servir les phosphates de Matam?

A partir du mois d'août 2016, je lance le débat économique avec Macky Sall comme il l'a demandé. Tous les mardis, je poserai la question économique de la semaine (la QES TEKKI).

Dossier Ressources naturelles 

Partout dans le monde rural, la doléance est unanime, le sac d’engrais est introuvable et quand on le voit, il faut débourser 25 000 francs.

Or, c’est connu depuis longtemps, il suffit de broyer les phosphates de Matam pour obtenir de l’engrais. Comment comprendre qu’on lance la production des phosphates de Matam et l’engrais est si cher pour les paysans à tel point que c’est l’angoisse partout? C’est un paradoxe.

Il faut le marteler ; l’exploitation des mines doit avoir pour objectif la transformation industrielle locale. Sinon il faut laisser les ressources minérales aux générations futures.

Évidemment BBY n’est pas d’accord pour l’industrialisation du pays. BBY pense qu’il lui suffit de construire des infrastructures confiées à des compagnies étrangères et financées par l’endettement. La contrepartie pour les prêteurs étrangers est de demander l’exploitation et l’exportation des ressources minières. Le deal est le partage de la rente minière entre les compagnies étrangères et les chefs politiques et accessoirement l’Etat, afin de lui permettre de faire face à une partie de la dette.
Le résultat économique est forcément la montée des inégalités, 95% des familles dans la pauvreté et la précarité et 5% dans la classe moyenne, avec l’aide de la diaspora.

Voilà la différence de vision entre Macky Sall et moi-même. La pauvreté n’est pas une fatalité. Il suffit de passer à l’industrialisation par la transformation locale de nos ressources naturelles, en assurant l’autosuffisance alimentaire en riz, sucre et huile pour commencer.

Dossier nouveau : Le sabotage de l’industrie nationale par Macky Sall

Un compatriote m’a interpellé à Thiès dans cette campagne électorale sur la situation de la NSTS, l’une des seules unités textiles du pays. Financée à coups de milliards par le régime de Macky Sall, l’usine censée faire de la filature en est réduite à la confection avec une cinquantaine de travailleurs. Évidemment, ce n’est pas sérieux, comme la gouvernance de l’industrialisation confiée au comédien Moustapha Diop, soit disant maire de Louga. Louga abritait une unité textile disparue aujourd’hui, la Sotexka.

A Kolda, aucune usine, conduire une moto Jakarta est le seul job pour les jeunes.

Il est temps de s’occuper de l’industrialisation de notre pays. Elle ne se donne pas gratuitement dans les relations internationales. Ce n’est pas la coopération internationale qui conduit à l’industrialisation. Le Président de la toute puissante Chine a décrété que l’Afrique est dans une période pré industrialisation. Elle doit se concentrer sur les infrastructures. BBY reprend ce point de vue sans réfléchir bien entendu. Pour eux, la construction d’infrastructures est le moyen le plus rapide de s’enrichir et de constituer un capital immobilier au Sénégal et en Occident, en passant par le Maroc et Dubaï. Cette accumulation de capital est plus rapide que celle de la traite des esclaves du commerce triangulaire.

Abdou Diouf a raconté les péripéties du lancement de l’initiative sucrière à Richard Toll dans ses mémoires. C’est un combat.
La cohabitation en perspective après les législatives doit permettre de lancer l’industrialisation, agroalimentaire, huile, sucre et textile dans ses différents compartiments jusqu’à la confection pour lutter contre le chômage des jeunes.

Mamadou Lamine Diallo, Président du mouvement Tekki.

A propos Lapolitique 7150 Articles
Rédacteur