En Guinée, l’heure de dire “Non” au troisième mandat

Les Guinéens ont rendez-vous avec les urnes ce dimanche 18 octobre, pour désigner celui qui conduira les destinées de leur pays pour les cinq années à venir. Les deux principaux challengers seront, comme depuis une décennie, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, et le champion du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG-Arc En Ciel), [le président] Alpha Condé, candidat à sa propre succession. La campagne électorale a connu ses hauts et ses bas, surtout en ce qui concerne l’opposition, qui s’est battue contre les menaces, les intimidations, les violences, les blocages de toutes sortes orchestrés par le pouvoir.

Souvent empêchés de tenir leurs meetings, notamment [à Kankan], le fief d’Alpha Condé, qui est déterminé à s’ouvrir un boulevard vers la présidence à vie, les opposants, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo, ont tenu bon. Le chef de file de l’opposition a même fait mieux, provoquant de véritables marées humaines lors de cette campagne électorale. La dernière démonstration de force de l’UFDG, a été faite par Hadja Halimatou Dalein Diallo, l’épouse du président du parti, qui a organisé un carnaval géant, alors que d’autres partis de l’opposition s’illustraient de la même manière, dans d’autres endroits de Conakry, la capitale guinéenne.

Gagner dans les urnes

L’enjeu est donc de taille, car les Guinéens auront l’occasion rêvée de donner une chance exceptionnelle à l’alternance démocratique, en barrant la route à la forfaiture d’Alpha Condé. Plus que jamais, il s’agira, pour le peuple guinéen, de refuser à l’ancien opposant ce troisième mandat anticonstitutionnel et confligène qui pourrait générer une crise post-électorale sans précédent.

Les militants [de Cellou Dallein Diallo] sauront-ils se regrouper pour appliquer un revers mémorable au prédateur de la démocratie qu’est devenu Alpha Coné ? Les autres leaders, notamment l’influent faiseur de roi, Sidya Touré, seront-ils en mesure de taire les querelles intestines de l’opposition et espérer ainsi gagner par les urnes le combat qu’ils ont perdu dans la rue ? Il faut l’espérer, même si les opposants africains ont toujours brillé par leur accord sur leurs… désaccords.

Une vie après le pouvoir

Le “NON” au troisième mandat doit retentir très fort, de l’intérieur des urnes, pour faire tache d’huile dans une Afrique de l’ouest, où les velléités antidémocratiques ressurgissent de plus en plus, avec des fossoyeurs comme l’Ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, qui, lui aussi, envers et contre tous, se positionne dans la compétition à sa propre succession, après avoir épuisé les deux quinquennats auxquels lui donne droit la Loi fondamentale de son pays.

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Et dire que tous ces coups d’État constitutionnels se passent au nez et à la barbe des dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest ! Une CEDEAO des chefs d’État, qui est bien plus prompte à dégainer contre les peuples, qui sous le poids de la dictature et de la mal gouvernance décident de prendre leur destin en main. Le peuple guinéen est face à sa responsabilité historique : mettre Alpha Condé, 82 ans, à la retraite et lui dire qu’il y a bien une vie après le pouvoir.