Utilisation massive d’extraits de naissance, non-respect des dispositions légales, inadéquation technologique : L’Opposition ‘déchire’ le rapport des auditeurs du fichier électoral et dissèque des incohérences…

Le Front de résistance nationale a tenu un point de presse au lendemain de la sortie du rapport final des experts ayant étudié le fichier électoral sur les précédentes élections présidentielles. L’objectif pour le Front de Résistance Nationale est donc clair. C’est uniquement de donner son point de vue sur le rapport provisoire. Au moment où on parle de dialogue national, les membres de l’opposition regroupés au sein du FRN se montrent insatisfaits.
Mamadou Diop Decroix, par ailleurs secrétaire général de And Jef PADS, a dénoncé ce manque de fiabilité du fichier électoral à plusieurs niveaux. En effet, considère l’opposition, « notre pays ne dispose plus d’un fichier auquel on peut avoir confiance. »

Mamadou Diop Decroix rejoint Adiouma Sow, membre du comité des plénipotentiaires de l’opposition du dialogue politique qui faisait la synthèse des manquements dans le fichier électoral.

Ainsi, sur la fiabilité et la cohérence de ce fichier, le FRN tient d’abord à rappeler qu’il est en déphasage avec l’appréciation de cette mission d’audit que veut faire savoir que le fichier électoral ayant servi à l’élection présidentielle du 24 février 20019 est fiable. Ainsi, Mamadou Diop Decroix et ses camarades de l’opposition du Frn s’inscrivent en faux contre cette décision.

Pour donner son avis sur ce rapport provisoire, l’opposition se base ainsi sur deux éléments essentiels. D’une part, la méthodologie employée par les experts qui ont été commis pour mener ce travail d’audit, et d’autre part, sur des informations contenues dans ce rapport.

« L’audit sur pièces et sur place complètement ignoré… »

En effet, une des préoccupations de l’opposition avant que le travail de ces experts soit entamé, c’est d’inviter les acteurs à tout faire pour que cet audit soit différent des précédents. Autrement dit, pour qu’il y’ai un travail qui soit fait sur pièces et sur place.
En allant au dialogue politique, l’opposition, pour rappel, avait même mis sur la table une panoplie de griefs pour que les auditeurs puissent les édifier sur ces remarques et leur faire savoir leur bien fondé. Il leur avait été même signalé, rappelle le Frn, « d’aller à la base et de rencontrer les acteurs politiques au niveau de ces régions, dans les comités électoraux et aussi de fouiller les supports qui sont employés dans les commissions administratives sur lesquels figurent les sénégalais qui se sont inscrits sur les listes électorales.

Toujours, fouillant le rapport, le front de résistance nationale rappelle, que sur la démarche méthodologique, le rapport qui est produit ne met en évidence aucune réponse sur lesquelles l’opposition avait interpellé les auditeurs. Ces derniers n’ont pas répondu au nombre anormalement élevé d’utilisation de certificats de résidence lors de l’inscription sur les listes électorales. En effet, l’opposition avait suspecté que ce fichier contient des électeurs qui ne sont pas des sénégalais ou qui n’ont pas droit d’être dans ce fichier car ayant fait recours à des certificats de résidence qui ne respectent pas les critères définis par l’article L’35 pour ce qui concerne la résidence électorale.

Ainsi, les auditeurs n’ont pas apporté de réponse sur les 515.645 électeurs qui sont dans le fichier électoral, sur la base de certificat de résidence et qui ne respectent pas les critères de l’article L36 du code électoral.

Aussi, les experts n’ont aucunement apporté de réponse sur le respect des articles L65 et L66 du code électoral relative à la carte électorale ayant servi à l’organisation de ces élections. En effet, l’opposition avait remarqué que dans certains départements (où les candidats de l’opposition étaient favorablement placés) comme Ziguinchor, Thiès, Dakar, Diourbel, on s’est rendu compte que la carte électorale ne permettait pas d’organiser les élections dans les meilleures conditions possibles contrairement aux autres départements où l’opposition avait constaté que les électeurs inscrits et au nombre de plus de 80% dans ces contrées allaient avoir l’opportunité de voter le jour du scrutin. L’audit sur pièces et sur place que les auditeurs n’ont pas pu adopter, a clairement favorisé, selon l’opposition, cette non fiabilité du fichier.
La carte électorale ayant servi à l’élection présidentielle de 2019 n’est pas le fruit des procès verbaux des comités électoraux.

« L’utilisation massive des extraits de naissances… »

Une autre anomalie notée par la force de résistance nationale c’est l’utilisation des extraits de naissance. En effet, le Frn souligne également ces 900.442 électeurs qui sont entrés dans le fichier électoral au moyens d’extraits de naissance. Ce nombre équivaut à 13,5% du fichier électoral. En effet, pour avoir ignoré cette méthode qui consiste à faire un audit sur pièces et sur place et pour n’avoir également pas rencontré les membres du Conseil constitutionnel et de disposer du logiciel ayant servi à retracer les listes de parrainage des différentes candidats ayant déposé leurs listes, le Frn estime qu’avec toutes ces incohérences, les auditeurs ne peuvent pas conclure que le parrainage est conforme à la loi. Plus loin dans le rapport, le Front de résistance nationale ajoute qu’il est incohérent de revenir demander à réformer le système de parrainage tout en restant dans cette logique gardant cette même option visant à éliminer des adversaires politiques.

Autre élément disséqué par le Frn, c’est cette incohérence, encore une fois, des auditeurs qui concluent en disant que certaines dispositions de la loi n’ont pas été respectées. C’est par exemple les dispositions relatives à l’inscription sur les listes électorales. En effet, le rapport dit que « dans la période allant du 24 février 2019 au 24 février 2021, plus de 400.000 électeurs sont entrés dans le fichier électoral. Or dans cette période, il n’y a pas eu de révision des listes électorales encore moins de refonte du fichier électoral ». En conclusion, le Frn veut simplement faire savoir, dans ce cas de figure, que les gens qui sont entrés dans le fichier électoral l’ont été de manière illégale. Le fichier ne respecte pas les prescriptions légales en la matière. En outre, les auditeurs acceptent eux mêmes, que l’article 48, Alinéa 5 du code électoral, ne permet pas une participation effective et efficace de l’opposition pour le contrôle du fichier électoral. Le Front de résistance nationale estime que cette disposition n’a pas été respectée dans le rapport.

« L’adéquation technologique, problématique… »

En effet, l’objectif de l’audit était de vérifier qui nous étions en face d’un fichier électoral biométrique. Cependant, les experts, dans le rapport, estiment qu’un nombre équivalent à 214.199 électeurs sont dans le fichier sans empreinte biométrique alors que dans ce nombre précis, il y’a 22.000 absents. Le Frn trouve très louche de dire que ce nombre, sans données biométriques figurent dans le fichier et de dire que c’est un fichier biométrique. Ainsi, cette démarche ne permet pas d’aboutir à des élections libres et équitables qui est d’ailleurs l’une des finalités du fichier.

Par ailleurs, la représentativité démographique est aussi un des aspects importants qui font la pertinence d’un bon fichier électoral. Autant de questions, selon le Frn, qui restent en parfaite incohérence avec les conclusions fournies par les auditeurs, qui du reste, au vu des recommandations faites dans ce rapport, ont clairement montré que le Sénégal n’a pas un fichier électoral sur lequel on peut se baser pour organiser des élections…

DAKARACTU