La fin du mois de mai est une mauvaise passe pour le régime au pouvoir. Macky Sall et ses hommes font face à plusieurs sujets à polémiques.
Le régime Macky Sall traverse une période assez difficile. Incapable de répondre à certaines attentes, il est aussi critiqué sur ces décisions. La dernière à avoir créé la polémique est la décision du chef de l’Etat d’acquérir un nouvel avion, un A 320-Néo, tout neuf pour un coût estimé à près de 60 milliards. Ce qui est d’ailleurs une première, puisque les anciens présidents sénégalais n’ont jamais acheté un appareil sorti directement de l’usine.
L’actuelle Pointe Sarène, actuel avion de commandement, a d’ailleurs été acquise en 2010 auprès du président français Sarkozy, après 8 ans de service (l’avion est fabriqué en 2002). D’où les critiques contre Macky Sall, depuis dimanche. « A moins de 3 ans de la fin de son mandat, le président Macky Sall va dépenser plus de 70 milliards pour faire moins d’une cinquantaine de déplacements avec son nouveau joujou flambant neuf », ironise Amadou Ba, un des cadres du Pastef.
Cette annonce intervient quelques jours après le sommet en France sur le financement de l’économie africaine. Macky Sall est raillé pour avoir porté le combat sur l’annulation de la dette du continent, sans trouver un soutien réel de la part de ses pairs.
Il s’y ajoute que les grandes puissances n’ont pris aucun engagement concret lors de ce rendez-vous pour lequel il était censé joué un rôle de premier plan, selon la Rts. Côté mobilisation financière, son ministre de l’Economie Amadou Hott déclarait la veille sur la Rts : « L’Afrique a besoin de ressources importantes pour relancer son économie et ces ressources doivent être concessionnelles et semi-concessionnelles. (…) Nous attendons que nos partenaires aillent plus loin dans le cadre du financement de nos économies ». A l’arrivée, aucune annulation en perspective. Et rien ne garantit que les 100 milliards de dollars espérés seront dans la caisse.
C’est dans ce contexte où le Sénégal ne cesse de recourir à la dette privée très onéreuse que le gouvernement a révélé l’acquisition d’un nouvel avion pour Macky Sall. Son ancien Premier ministre Abdoul Mbaye dit avoir perdu son latin face à la nouvelle.
« Je n’ai pas les mots pour qualifier l’achat par le Sénégal d’un nouvel avion de commandement pour Macky Sall révélé après le retour d’un sommet où il s’est plaint de dette insupportable dont il cherche l’annulation et de déficit budgétaire contraignant. Le Sénégal est vraiment à plaindre! ».
Ces dossiers encore chauds
La presse n’est pas moins critique. Le gouvernement est accusé d’avoir oublié volontaire le prix de l’appareil dans son communiqué pour invoquer le prétexte fallacieux du secret-défense. Le Quotidien parle d’un ‘’A320-Néo polémique’’ alors que Kritique barre à la Une : ‘’Macky survole les urgences du peuple’’.
Cette polémique intervient alors que le débat est encore vif sur le découpage administratif de la région de Dakar qualifié de calcul politicien à quelques mois des élections locales prévues en janvier 2022. Des élections dont la date fixée de manière unilatérale par Macky Sall suscite la colère de l’opposition.
A tout cela, s’ajoutent la marche organisée dans plusieurs régions samedi dernier 22 mai pour exiger la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal ou alors les critiques faites au gouvernement pour sa réaction jugée molle sur les bombardements israéliennes en Palestine.
Jusqu’ici plutôt calme, le secteur de l’Education commence aussi à bouger, particulièrement dans l’Enseignement supérieur où les deux syndicats menacent d’aller en grève, suite au non respect des engagements pris par le ministre de tutelle Cheikh Oumar Anne.
Jauger à nouveau sa côte de popularité
Cette annonce sur l’avion présidentiel risque ainsi de donner du grain à moudre à des syndicalistes qui dénonçaient déjà des dépenses de prestige comme le Ter et le centre de conférence de Diamniadio au détriment d’infrastructures, comme l’Université Amadou Makhtar Mbow dont les chantiers seront repris après 5 ans sans livraison. Certains intervenants font même remarquer qu’avec ces 60 milliards, le Sénégal se retrouverait avec zéro abri provisoire à l’école. D’autres y voient une importante enveloppe pour financer l’emploi des jeunes, le talon d’Achille du régime qui multiplie les initiatives sans qu’il y ait un impact visible.
Autant de sujets polémiques dans un contexte d’affaiblissement du régime, suite aux émeutes politico-sociales du mois de mars dernier, déclenchées en partie d’ailleurs par le chômage endémique. D’aucuns soutiennent d’ailleurs que la tournée du président Macky Sall (28 au 31 mai) à Kaffrine, Tamba et Kédougou (officiellement pour inaugurer des infrastructures sanitaires) a pour objectif inavoué de jauger sa côte de popularité, après l’épreuve de mars durant laquelle il a été obligé de remettre en cause ses certitudes avec sa fameuse phrase à la jeunesse : « Je vous ai entendus ».