Le juge Téliko met KO Madiambal Diagne en faisant de graves révélations

Le président de l’union des magistrats du Sénégal (ums), Souleymane teliko et le journaliste Madiambal Diagne ont soldé leurs comptes jeudi devant le tribunal Correctionnel de Dakar. Lors de ce procès de diffamation qui l’oppose au journaliste, le plaignant (le juge Souleymane Téliko) a fait de terribles révélations, soutenant que «Madiambal Diagne a été poursuivi pour escroquerie lorsqu’il était greffier et de viol sur mineure».

Le procès en diffamation opposant le magistrat Souleymane Téliko au journaliste Madiambal Diagne a été débattu dans le fond hier à la barre du Tribunal correctionnel de Dakar.

Lors de ce procès qui a duré plus de 10 tours d’horloge, c’est le plaignant, Souleymane Téliko, qui a pris en premier la parole pour expliquer les raisons de son différend avec le journaliste. Précisant d’emblée que les chambres africaines extraordinaires ne sont pas des démembrements de l’Union africaine, mais plutôt une juridiction à caractère international, le président de l’Ums déclare : «Ceux qui l’ont entendu parler croient que j’ai été épinglé par l’Union Européenne, alors que c’est archi faux. On lui pose des questions sur l’Ums et l’indépendance de la Justice, il fait hors sujet pour ternir ma réputation et mon image alors que je ne le connais pas et c’est vice versa ».

Affirmant qu’il n’a jamais travaillé avec Madiambal Diagne, le juge Téliko trouve qu’il existe plusieurs manières de dire des contrevérités. Ainsi, il estime que le fondateur du Groupe Avenir Communication (Gac) s’acharne contre sa personne.

«Et j’en souffre depuis», lance-t-il avant de demander à son accusateur de lui montrer le rapport de l’Union Européenne qui l’aurait épinglé. «Le rapport n’existe pas. Jusqu’à l’extinction du soleil, il ne vous prouvera pas ses accusations. Il a inventé un rapport de l’Union Européenne et une lettre de contestations qui n’existent pas», martèle le patron de l’Ums.

Poursuivant ses explications, le magistrat affirme qu’il n’en revenait pas après la sortie de son antagoniste. «Quand je l’ai entendu, je me suis demandé si je n’étais pas amnésique, à cause des mensonges. Il a un procédé extraordinaire. Pour la Une de son journal, il avait titré : “Téliko attendu par le conseil de discipline”.

Et dans le contenu de l’article, il évoque 5 dossiers avec des grains de sel. En réalité, il essaie de semer le doute», déclare la partie civile. Très en verve, le magistrat souligne que les Sénégalais connaissent le passé de greffier de Madiambal Diagne qui, selon lui, a été poursuivi pour escroquerie.

«Pire, il a été poursuivi aussi pour viol sur mineure et il se permet d’attaquer les gens. J’ai fait 26 ans dans la corporation et aucun justiciable ne peut dire que j’ai été mêlé dans une affaire de malversations. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas d’informer juste et vrai en tant que journaliste, mais de dénigrer la personne », a asséné le président de l’Ums.

A la barre à son tour, le prévenu Madiambal Diagne a assumé les propos qu’il a tenus sur «Rfm» lors de l’émission «Grand Jury».

«Je suis là pour assumer mes propos. J’ai affirmé qu’il a reçu des frais de mission pour aller au Tchad, j’ai affirmé qu’il y a eu des remboursements qui ont été faits par moratoires. J’ai parlé du rapport de l’Union Européenne, c’est un lapsus. Cependant, j’ai le rapport des Chambres Africaines et non celui de l’UE. Le fond de la question, c’est que de l’argent a été indûment perçu par Téliko. Et ce n’est pas moi qui l’ai dit, mais le rapport des Chambres Africaines », s’est défendu le journaliste.

A la question d’un avocat à savoir si Souleymane Teliko était le seul juge à percevoir les fameux fonds, le prévenu rétorque : «Cela ne m’intéresse pas qu’il y ait mille personnes. A chaque fois que l’institution judiciaire est accusée, je la défends. Et Souleymane Teliko a violé la loi, selon la décision du Conseil Supérieur de la Magistrature. Et j’ai ce rapport», affirme Madiambal Diagne.

Sur ces entrefaites, le juge Ndary Diop lui a demandé pourquoi il a visé personnellement Souleymane Téliko. Réponse du mis en cause : «De toutes les personnes concernées, il est la seule personne à donner des leçons de morale. Ils ont remboursé l’argent parce que le ministre de la Justice a demandé qu’ils remboursent. On sait combien de dossiers “somnolent” en lui. Au Sénégal, il y a plus de 400 magistrats, mais un seul magistrat est cité dans un dossier d’escroquerie ».

Au nombre de 13, les avocats de la partie civile réclament 500 millions Fcfa pour la réparation du préjudice subi par leur client.

Selon Me Abou Abdoul Daff, l’acte matériel de diffamation est établi. «Le prévenu est très violent. Ce sont des comportements à sanctionner jusqu’à la dernière énergie. On a donné trop d’importance à cet homme, il faut que Madiambal Diagne tombe sous le coup de la loi. Le délit de diffamation est constant. Heureusement, ce n’est pas avec des mensonges qu’on peut ternir l’image du magistrat Téliko», martèle Me Daff.

Son confrère Me Abdoulaye Tall pense que ce n’est pas le fait de venir à la barre et de dire qu’on assume qui fait de quelqu’un un gentleman.
«Au Sénégal, il faut éviter de s’attirer les foudres de Madiambal Diagne alors que c’est un délinquant multirécidiviste. On peut écrire un livre sur son parcours et sa moralité. Au Sénégal, il y a des journalistes et des mercenaires de la plume. Et il suffit d’attaquer les intérêts du prince pour être attaqué. Le prévenu est un diffamateur professionnel et il sera encore traduit ici. M. le président, condamnez-le ! Il a terni l’image d’un éminent magistrat qui a servi le peuple et continue de le faire», indique Me Tall.

Lors de sa plaidoirie, Me Ousseynou Gaye a demandé au prévenu d’écrire dans sa chronique “Le lapsus de Mbabal”. «C‘est un titre que je lui recommande. Dans ses lundis aussi, il devrait écrire les dérives de Madiambal et nous gratifier de cela lundi prochain».
Dans son réquisitoire, le parquet a demandé l’application de la loi.

Le conseil de la défense, Me Baboucar Cissé, trouve que la citation est nulle. «Le certificat indiquant la réception de la citation n’est pas versé dans le dossier. On ne respecte pas l’article 624 du Code de Procédure Pénale. La procédure est nulle sur plusieurs aspects. La citation a été rédigée le 23 avril et nous l’avons reçue le 28. Il n’y a pas de diffamation. Je vous demande d’annuler la procédure», a lancé Me Cissé à l’endroit du président du tribunal.
Délibéré le 17 juin prochain.
L’As