Irak : double attentat suicide à Bagdad, plus de 30 morts et 110 blessés

L’horreur. Deux kamikazes se sont fait exploser jeudi dans le centre de Bagdad, faisant plus de 30 morts et 110 blessés selon les autorités irakiennes. Un type d’attaque qui n’avait pas eu lieu depuis plus de 18 mois dans la capitale.

L’attaque a été perpétrée sur un marché de vêtements d’occasion sur la place Tayaran, un carrefour très passant de Bagdad. Un premier kamikaze a déclenché sa ceinture explosive au beau milieu de vendeurs et de badauds, a expliqué le ministère de l’Intérieur. Alors qu’un attroupement se formait pour tenter de venir en aide aux victimes, un second kamikaze a fait détoner ses explosifs.

Selon le dernier bilan donné par le ministre irakien de la Santé, Hassan al-Tamimi, jeudi à la mi-journée, la double attaque a tué 32 personnes et fait 110 blessés. Le ministre a assuré que toutes les personnes décédées étaient décédées sur place, et qu’aucune n’avait succombé à ses blessures dans l’un des hôpitaux de la capitale, tous placés en état d’alerte maximale. Il est à craindre que se bilan s’aggrave encore.

Un mode opératoire proche de celui de Daech

Soldats et ambulanciers étaient déployés en masse sur la place, les premiers bloquant les accès et les seconds s’activant à déplacer des corps ou à aider des blessés, a constaté un photographe de l’AFP. L’armée et la télévision d’Etat ont rapporté l’attaque, affirmant qu’il y avait « des morts et des blessés civils ».

L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, mais ce mode opératoire a déjà été utilisé par le passé par le groupe Etat islamique (EI), qui a occupé près du tiers de l’Irak en 2014 avant que Bagdad ne déclare avoir gagné sa guerre contre les djihadistes fin 2017.

Depuis, des cellules djihadistes se terrent dans les nombreuses zones montagneuses et désertiques du pays. Jusqu’ici toutefois, l’EI n’a revendiqué que des attaques de faible envergure, menées généralement de nuit contre des positions militaires dans des zones isolées, loin des villes. Les derniers attentats ayant fait plusieurs morts à Bagdad remontent à juin 2019.

Les Etats-Unis moins présents en Irak

Comme en 2018, cette attaque intervient alors que les autorités discutent de l’organisation d’un scrutin législatif, une échéance régulièrement accompagnée de violences en Irak. Un attentat du même type sur cette même place a vait fait 31 morts il y a trois ans quasiment jour pour jour.

Les autorités proposent actuellement de reporter à octobre les législatives anticipées prévues en juin afin de donner plus de temps à la Commission électorale pour organiser ce scrutin. Un report qui reste suspendu à la dissolution du Parlement, une mesure qui doit être votée par les seuls parlementaires.

Cette attaque intervient aussi alors que les Etats-Unis ont réduit le nombre de leurs soldats en Irak à 2500 hommes, une baisse qui « reflète la hausse des capacités de l’armée irakienne », selon les mots du chef du Pentagone Christopher Miller. Cette réduction « ne signifie pas un changement dans la politique des Etats-Unis », a-t-il souligné. « Les Etats-Unis et les forces de la coalition restent en Irak pour assurer une défaite durable » de l’EI.

Les Etats-Unis sont à la tête d’une coalition internationale déployée en Irak depuis 2014 pour lutter contre l’EI. La quasi-totalité des troupes des autres Etats membres de la coalition ont quitté le pays en 2020 au début de la pandémie de nouveau coronavirus.