Le gouvernement sénégalais a de nombreux projets en perspective dans la région de Matam à l’horizon 2021-2025. Ces projets seront essentiellement mis en œuvre dans le Dande Mayo (littéralement ‘’Cou du fleuve’’), zone enclavée par excellence. Sur l’axe nord de Orofondé à Matam, sur 110 km, la route devrait sortir de l’isolement plus d’une cinquantaine de villages. Et sur l’axe sud, de Nawel à Dembacané, ce sont 130 km de routes (entre Matam et Thianiaff), 150 km de piste et 12 ponts qui seront réalisés. D’un coût global de plus d’une centaine de milliards de F Cfa déjà acquis, ces travaux devront améliorer le quotidien des populations auprès desquelles nous nous sommes rendus.
« Un bijou ». Le qualificatif résume le sentiment des populations pour la route du Dandé Mayo qui devrait désenclaver plus d’une centaine de localités. Elle est une « urgence », une « sur priorité » pour tous les habitants de cette partie de la vallée du fleuve très enclavée. L’espoir suscité par le lancement des travaux routiers devant permettre de « relier » les deux axes, Nord et Sud, au « reste du monde », selon l’expression d’un habitant, est à la hauteur des angoisses et épreuves subies. La routine quotidienne de ces populations est d’emprunter, pour se rendre à l’hôpital ou pour écouler l’importante production agricole, des pistes sablonneuses et latéritiques. Dans nombre de villages, la venue de l’hivernage n’est pas synonyme de promesse de rendements meilleurs par une pluviométrie heureuse. Mais plutôt les affres d’un cantonnement qui fait qu’une parturiente ou une urgence médicale n’est pas évacuée avec facilitée. Les heures de voyage sont décuplées du fait de l’absence de routes praticables.
A Woudourou, un notable, Thierno Mouhamadou Rassoul Ndiaye, explique que les véhicules sont garés au district de santé pendant l’hivernage. Sinon, ils sont embourbés et ne pourront point quitter le village. « Nous sommes dans une zone très enclavée et qui devient quasiment une île en hivernage. Il nous est très difficile de nous déplacer. La route viendra non seulement désenclaver de nombreux villages, mais elle nous permettra aussi d’attirer des investisseurs eu égard aux nombreuses potentialités de la vallée », soutient Demba Konté coordonnateur de « Nguidjilogne ko goto » (Nguidjilogne vote pour une seule personne). Emigré en France, M. Konté est rentré le samedi dernier rien que pour assister au lancement des travaux qui auront un impact certain pour sa localité. Dans ce village traditionnel, à la croissance incontrôlée et mêlant vieilles et modernes bâtisses, les 10 mille habitants, comme toutes les populations du « Dandé Mayo » vivent d’agriculture, de pêche et d’élevage. M. Konté résume les difficultés de son patelin en un « réseau téléphonique défaillant, un internet lent, l’absence de spécialités dans le centre de santé ». L’apport des émigrés, regroupés au sein de l’Association pour le développement de Nguidjilogne, est considérable. Ils ont fait passer de 3 à 12 le nombre de classes de l’école primaire, construit le marché, la maternité, équipé le forage du village en panneaux scolaires et emmuré le cimetière.
Sur cet axe Nord devant relier Orkadiéré à Matam, Thierno Mouhamadou Rassoul de Woudourou, tout en étant dubitatif, est d’avis que le « bitumage de la route est la première chose à faire pour les populations ».
Les 117 kilomètres de route, comportant 12 ouvrages, constitueront un grand « soulagement » pour les populations. Le vice-président du Comité de gestion de la piste Nawel-Balel, Yaya Sall, milite pour une « réfection, une réhabilitation, un reprofilage avant bitumage d’ici la survenue de la saison des pluies ». Pour le secrétaire général de l’Association de développement de Thiemping, village distant de moins de 20 km de Matam, la solution provisoire avant les grands travaux permettra de « faire face à l’hivernage et que les populations ne soient pas trop enclavées ». N’empêche que pour lui, une fois réalisée, la route permettra de « réactiver le trafic entre les villages, surtout ceux du diéry et du walo, de bien et mieux huiler le commerce avec le transport des produits agricoles notamment ». Ici comme ailleurs, il est chanté la « route d’abord, les autres infrastructures ensuite ».
Déjà qu’à côté de l’activité principale qu’est l’agriculture, d’autres projets en adéquation avec les potentialités de la zone, commencent à voir le jour : aménagement d’un projet de pisciculture et d’un centre de formation professionnel.
Alassane Mamadou Ndiaye, le président de la piste Matam-Balel, abonde dans le même sens, faisant comprendre que 23 villages desservis pourront ainsi se moderniser avec le bitumage réel de la piste. La route devrait atteindre Dembancany, atteignant presque la frontière avec le département de Bakel.
Sur cet axe Sud, appelé la Route nationale 4,2 la distance à bitumer est de 83 km.
A Nawel, où vivent 3000 âmes et compris pourtant dans la commune de Matam, le souhait des populations est de se voir affecter des terres aménagées eu égard à la croissance de la population de village traditionnel de pêcheurs.
Une autre doléance majeure est revenue dans les espérances des populations qui se font l’écho de la demande formulée par l’artiste Baba Maal à Podor : l’érection d’une université. Pourvu qu’elle soit calquée aux potentialités de la zone.