Le gouvernement propose 1000 parcelles à Diass pour chacune des 3 communes lébous à la place des terres de l’aéroport de Dakar. Lors d’une réunion secrète qui s’est déroulée jeudi dernier à Yoff, le Président Macky Sall aurait pris langue au téléphone avec certains dignitaires de Ngor Ouakam et Yoff pour tenter de leur faire abandonner leurs prétentions sur les terres de l’aéroport.
C’est une révélation qui risque d’aviver la tension entre les jeunes lébous et leurs autorités coutumières. Le 10 juin dernier, une réunion secrète s’est tenue à Yoff, à la résidence de Cheikh Mansour Diouf, représentant du Khalife général des mourides à Yoff, Ngor, Ouakam et Cambérène. Il était question de convaincre les Lébous d’abandonner les terres de l’aéroport qu’ils réclament depuis le transfert de l’aéroport à Diass. La nouvelle a été mise sur la place publique par le Collectif des jeunes de Taanka, qui regroupe les 3 communes léboues. Pour cela, le Président Macky Sall a dépêché le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, et le ministre de l’Urbanisme du logement et de l’hygiène publique, Abdoulaye Seydou Sow.
Ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a assisté à la rencontre en tant que maire de Yoff. Des autorités coutumières venant des 3 communes étaient également au rendez-vous lors de ces échanges au cours desquels les jeunes des communes concernées étaient absents. Selon des personnes bien informées, Souleymane Sarr «Pèdre», président des freys de Yoff (police coutumière), était accompagné de son vice-président, Ousmane Sylla Sarr, du Secrétaire général, Moutoufa Guèye, et du jaraaf Doudou Mbengue. Pour le compte de Ngor, il y avait Souleymane Samba, président des freys, et Mbacké Ndoye. La commune de Ouakam était représentée par les jaraafs Youssou Ndoye et Alioune Diagne Guèye. «Deal sur nos terres en réunion secrète chez Cheikh Mansour Diouf avec la participation de Macky Sall au téléphone», indique sur sa page Facebook le Collectif des jeunes de Taanka.
Déjè largement entamé, le crédit des autorités municipales et coutumières risque de s’amenuiser davantage auprès des jeunes des 3 communes. Il leur est reproché de toujours négocier avec l’Etat pour leur propre compte et non en faveur des populations. Aujourd’hui, les 3 communes estiment être menacées par une bombe démographique, du fait de la forte densité et de la promiscuité dont elles souffrent. Elles souhaitent une extension avec les terres de l’ancien aéroport international. Alors que 30 ha ont été cédés à la Caisse des dépôts et consignations pour des logements de standing, un parc forestier va y être érigé, dossier piloté par le ministère de l’Environnement et celui de l’Urbanisme. A l’époque ministre de l’Urbanisme, Abdou Karim Fofana avait concédé 20 ha à la commune de Yoff avec 557 parcelles en jeu. A Ngor, les populations dénoncent depuis juin 2020, un lotissement en cours, portant sur 62 ha, qui va de l’aéroport Léopold Sédar Senghor à la Boa. Ils avaient même bruyamment manifesté contre la mise à l’écart de leur commune.
En recevant une délégation de Lébous, il y a quelques mois, Mame Boye Diao, directeur des Domaines, avait demandé aux dignitaires coutumiers de Ngor, Ouakam et Yoff de s’en référer à leurs mairies respectives. Jusqu’ici, ni Abdoulaye Diouf Sarr à Yoff, ni Amadou Guèye à Ngor, ou Samba Bathily Diallo pour Ouakam, n’ont éclairé la lanterne de leurs administrés sur le foncier de l’aéroport.
Qui plus est, ces jeunes lébous se demandent dans quelle mesure des populations pourraient être déplacées jusqu’à Diass pour y occuper des terres qui, à leurs yeux, doivent certainement être la propriété de populations autochtones. Ils craignent la formation d’un conflit foncier dans le futur si ce projet d’attribution de 1000 parcelles par commune venait à se concrétiser.
leQuotidien/Mohamed Gueye