Les records de contaminations et de décès liés au Covid-19 en Inde ne faiblissent pas. Le pays a enregistré officiellement plus de 410 000 cas vendredi 7 mai, pour près de 21,5 millions d’infections à travers le pays, et plus de 230 000 morts. Hôpitaux engorgés, manque d’oxygène, les soignants sont à bout alors qu’un pic épidémique est attendu d’ici à plusieurs semaines
En une seule journée, ce samedi, l’Inde a enregistré officiellement 4 197 nouveaux décès. Ce chiffre macabre porte le bilan total du pays de 1,3 milliard d’habitants à 238 270 morts depuis le début de la pandémie. En une journée, le pays a comptabilisé 401 078 nouveaux cas de Covid-19, soit un bilan total de près de 21,9 millions de cas. En dépit de l’aide internationale, des patients continuent de mourir aux portes d’hôpitaux submergés. Et, selon les spécialistes, le pire est encore à venir, avec un pic épidémique attendu d’ici à plusieurs semaines.
Vingt bûchers
Mais ces chiffres sont sans doute bien en deçà de la réalité. Céline est une infirmière française qui travaille à Bénarès. Il y a deux semaines, elle a compté 20 bûchers qui brûlaient en même temps, du jamais vu en douze ans. Habituellement, dit-elle, ce sont au maximum 6-7 bûchers. « Au niveau des morts annoncés dans les chiffres officiels, je vois par exemple pour la ville de Bénarès, par jour on va nous dire 8 personnes sont décédées du Covid ou 14 personnes maximum. Sur les lieux de crémation, il y a une semaine et demie, deux semaines, c’était 150 à 200 corps qui arrivaient. Après pas forcément que des gens atteints du Covid, mais 150 à 200 alors qu’en moyenne, vous aviez 80 crémations par jour… D’où viennent tous ces gens qui décèdent et qui ne sont pas répertoriés ? Il y avait forcément plus de patients morts du Covid. Par rapport aux hôpitaux, on voit bien, il y a eu clairement un problème. Ce n’est pas normal de manquer d’oxygène, ce n’est pas normal de manquer de lits, de manquer de personnel. Les gens ont peur. Les gens ne viennent plus travailler ou alors ils sont eux aussi malades et ils ne peuvent plus venir. Et du coup, c’est une situation catastrophique, on n’a jamais vu cela ».
Un gouvernement très critiqué
Le dirigeant de l’opposition Rahul Gandhi a appelé le Premier ministre à imposer un confinement national pour éviter une propagation de la pandémie qui serait « dévastatrice » pour l’Inde et d’autres pays. Le gouvernement, sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise, a largement laissé aux différents États indiens la latitude de décider des mesures de lutte contre la pandémie.
Si la situation se stabilise dans les grandes villes comme New Delhi ou Bombay, qui ont reçu des approvisionnements supplémentaires en oxygène – en grande partie de l’étranger – c’est maintenant dans les zones rurales du sud du pays que la propagation du virus est la plus rapide.